Association des professeurs documentalistes de l’Education nationale
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Rencontres internationales : compte rendu

D 14 mai 2018     A Bureau de l’APDEN Lyon    


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Environ 50 collègues professeurs documentalistes et autres professionnels se sont retrouvés le mercredi 2 mai après-midi à la Cité scolaire internationale de Lyon pour ces rencontres internationales. Le public venait de l’académie de Lyon, mais aussi parfois des académies limitrophes de Mâcon et Grenoble, avec par ailleurs plusieurs étudiants de l’Espé.

Florian Reynaud, président de l’APDEN Lyon, et Olivier Georges, inspecteur académique IA-IPR EVS, ont introduit les présentations, ce qui fut l’occasion de remercier particulièrement le proviseur de la Cité scolaire internationale de Lyon, ainsi que ses équipes, pour leur accueil, et l’ensemble des organisateurs de la journée, notamment Valérie Glass. Ces rencontres prenaient place dans une semaine de travail à Lyon pour les membres de la section School Libraries de l’IFLA [1].

Avec la présence également des inspectrices académiques EVS Christine Alt et Nathalie Beaulieu, Olivier Georges a rappelé l’étendue de l’académie, avec 300 établissements scolaires du secondaire, environ 580 professeurs documentalistes. Il a précisé qu’à travers leurs premières observations sur le terrain, ils ont pu constater que ces professionnels sont bien des enseignants à part entière, ainsi tels que définis par les textes nationaux de cadrage publiés entre 2013 et 2017. Il a souligné le caractère innovant des centres de documentation et d’information, ainsi que l’intérêt pour une organisation pédagogique originale dans ces lieux particuliers, avec une grande diversité d’actions en faveur de la réussite des élèves. Il a mis également en valeur les 19 bassins ou « communautés de pratiques » qui se réunissent régulièrement dans l’année pour échanger et se former, avec une certaine qualité constatée.

Johanne Plante

En tant que présidente de la section School Libraries, Johanne Plante a également participé à l’ouverture de cette demi-journée, en rappelant l’importance de la section, avec des membres divers, avec une joie certaine à retrouver la ville de Lyon, dans laquelle elle s’est formée, en bibliothèque municipale.

Valérie Glass

Valérie Glass, secrétaire de la section, membre du bureau académique de l’Apden Lyon, membre du bureau national de l’Apden, a pris le temps de présenter le travail de l’Apden au niveau international, ce qui fut l’occasion de préciser chaque instance nationale ou internationale à laquelle l’Apden participe. Ainsi l’Apden est notamment membre du CFI-BD, comité français international bibliothèques documentation, et bien sûr de l’IFLA, à travers trois sections, School Libraries, Information Literacy et Management of Library Associations. Sont mentionnées différentes actions de l’Apden à ce niveau, avec la traduction des School Libraries Guidelines en 2018 [2], avec des communications aux Congrès de l’IFLA, de l’IASL et de l’ECIL, mais aussi la publication d’un chapitre en 2015 dans une publication de la section SL [3], avec un nouveau travail à paraître dans ce cadre en 2018.

Chaque membre présent de la section a ensuite pu présenter une communication pour nous faire découvrir son pays et la pratique professionnelle.

Judy O’Connell

Judy O’Connell, pour l’Australie, insiste sur la variété des bibliothèques scolaires, mais aussi sur un ensemble qui correspond à ce qu’on attend ailleurs dans le monde : un accueil des élèves, une politique d’acquisition et un accompagnement des programmes. Ce qui peut différer, c’est l’existence d’un service d’aide au catalogage, avec des données payantes. Il y a un problème de reconnaissance des bibliothécaires scolaires par l’institution. Le but de l’ALIA et de l’ASLA, les deux associations professionnelles, est que le bibliothécaire soit clairement reconnu comme enseignant. Dans le privé, ils sont reconnus et bien rémunérés, alors que c’est plus fragile dans le public, avec un personnel plus nombreux dans le privé. L’ALIA et l’ASLA sont engagés dans l’accompagnement des bibliothécaires scolaires, que ce soit pour la politique d’acquisition mais aussi pour l’organisation des apprentissages et le travail en communauté professionnelle.

Jing Zhang et Naiyi Yang

Jing Zhang et Naiyi Yang, pour la Chine, présentent d’abord le contexte général, avec près de 180 000 écoles primaires (100 millions d’élèves), 50 000 écoles secondaires (45 millions d’élèves), et 14 000 lycées (40 millions d’élèves), avec plusieurs niveaux institutionnels, national, provincial (34 provinces) et municipal, avec un Code de l’éducation de la République populaire de Chine, dans lequel sont gérées les bibliothèques scolaires, avec trois textes plus précis pour les bibliothèques scolaires. Seules trois provinces ont des textes pour la régulation des bibliothèques scolaires, pour les standards de construction. Par contre il n’y a pas de rôle pour les bibliothécaires scolaires.

Trois exemples sont présentés, parmi ce qu’il y a de mieux. Il y a un programme pour le domaine d’enseignement, mais pas de domaine spécifique dans les enseignements, encore moins pour la formation des bibliothécaires scolaires, qui sont formés par la formation continue, sans formation initiale. C’est notamment la Library Society of China qui propose des contenus de formation, ainsi que des comités locaux. La LSC développe un certain nombre d’actions et de revendications, en formation continue, au sujet de la politique d’accueil et d’acquisition, de la promotion et protection des livres anciens, de l’intérêt pour les ressources numériques. La LSC, avec le School Library Comitte, propose des formations en ligne, des apprentissages au niveau national, un projet de formation pour la promotion de la lecture. Il y a aussi la branche Provincial Library Society, qui développe des formations sur la lecture dans les bibliothèques, avec des ateliers, des conférences. Le cursus scolaire est très orienté sur les examens, avec un faible pourcentage de reçus, et sans rien en information-documentation dans les examens. Plusieurs défis, donc, pour les bibliothécaires scolaires, en matière d’innovation, autour des contenus, autour des pratiques, autour des programmes, autour du système éducatif dans son ensemble.

Lesley Farmer et Karen Gavigan, pour les États-Unis, reprennent aussi le contexte, avec environ 100 000 écoles, dont un quart sont privées, avec une bibliothèque scolaire dans 93 % du public, des ordinateurs dans 97 % des bibliothèques scolaires publiques.

A gauche : Magali Bon, Valérie Glass, Sophie Benzina (traductrices). A droite : Lesley Farmer et Karen Gavigan (USA)

La formation permet de former des bibliothécaires scolaires, qui sont des enseignants spécialisés. Mais ce n’est pas la même chose selon les États, la certification n’est pas toujours obligatoire. Seules deux tiers des écoles publiques ont du personnel à plein temps, et le ratio peut varier de 1 pour 300 à 1 pour 7 000 élèves. Il y a des normes pour chaque État, mais aussi des normes des associations professionnelles, notamment l’AASL. Le succès d’une bibliothèques scolaires est associé à plusieurs facteurs, le personnel, le catalogue, les acquisitions, les bases en ligne, le budget, l’assistance. Elles nous présentent le travail de l’AASL, autour de normes pour les bibliothèques scolaires, avec notamment un tableau à double entrée.

Rei Iwasaki, pour le Japon, de l’université Notre Dame, de Kyoto, parle essentiellement de la formation des professeurs documentalistes au Japon, avec deux types de professionnels. Il y a les teacher librarians, enseignants, et les school librarians, bibliothécaires. Les teacher librarians existent depuis 1953, avec une réforme en 1997, puis une gestion des school librarians en 2014. On prévoit un professionnel s’il y a au moins 12 classes (la moitié des écoles sont concernées), avec en fait 68,5 % des établissements scolaires qui ont un professeur documentaliste, 12 % d’entre eux seulement ayant suffisamment de temps pour le travail de gestion du school librarian.

Nous sont précisés les différents champs de la formation des professeurs documentalistes, autour de la politique d’acquisition, des contenus à enseigner, de la promotion de la lecture, de l’utilisation des ressources multimédia. Enfin, les éléments de progrès de formation, avec une standardisation, une intégration dans le Code de l’éducation japonais, une mise en cohérence des contenus à enseigner, mais avec le manque de reconnaissance des compétences professionnelles des professeurs documentalistes. Il y a un manque de niveau du personnel, les rôles ne sont pas clairs, il manque une cohérence de progression sur les contenus entre secondaire et université.

Luisa Marquardt

Luisa Marquardt, pour l’Italie, présente une situation « between light and shade ». Il s’agit d’une situation fragile, sur du sable, avec beaucoup de mentions des professeurs documentalistes dans les textes, mais une difficulté réelle dans la pratique professionnelle. On peut noter une politique volontariste autour de la promotion de la lecture, mais l’importance donnée aux nouvelles technologies peut reléguer les bibliothèques scolaires à de vieilles technologies. L’association italienne travaille à une meilleure considération des bibliothèques scolaires.

Les professionnels sont intégrés dans un plan de mise en valeur du numérique, au niveau du Ministère. Par ailleurs il existe beaucoup de contributions sur le rôle des bibliothécaires scolaires en matière d’information literacy, avec notamment un essai de programme [4]. Quelques exemples de bibliothèques scolaires sont présentés, notamment vers les Learning Commons, avec la présentation du projet Azione #24, avec 500 projets retenus avec financements (5 000 à 10 000 euros).

Hans-Petter Storemyr, pour la Norvège, présente le contexte, avec environ 5 millions d’habitants, environ 900 000 élèves. Tout est public, primaire, collège et lycée. La scolarité est obligatoire de 6 à 16 ans, les programmes sont appliqués de manière différenciée, selon les attentes de chacun. La Norwegian Library Association a été créée en 1913, avec en son sein la Norwegian School Library Association. Il doit y avoir un accès à une bibliothèque scolaire ou à une bibliothèque publique, depuis 1998, pour chaque élève, ce qui n’oblige donc pas à l’existence d’une bibliothèque scolaire. Il existe un travail de partenariat entre enseignants et bibliothécaires, comme ils sont censés travailler ensemble autour de la recherche d’information.

L’enchaînement des interventions, nombreuses, n’a pas permis d’entendre Albert K. Boekhorst, pour le Brésil et les Pays-Bas, qui présente rapidement l’ENSIL [5], et son site albertkb.nl De même Irina Nehme, pour l’Allemagne, qui précise que le pays fonctionne sans structures, sans règles, mais avec une bonne pratique des bibliothèques scolaires, avec une qualité des personnalités. Plusieurs grands travaux permettent aux bibliothécaires scolaires de travailler, ainsi qu’elle le présente dans son diaporama ci-dessous. Au Canada, la situation est très variable selon chacune des dix provinces, sans conjoncture favorable au Québec où exerce Johanne Plante.

Diaporama pour l’Allemagne

Didier Vin Datich, IGEN EVS en charge de la Documentation, intervient enfin pour revenir sur le cadre institutionnel français, avec son rôle d’observation et de discussion auprès des services ministériels de la DGRH, de la DGESCO. Nous sommes dans un contexte d’application de la nouvelle circulaire de missions, mais aussi sans éléments précis dans les orientations des bibliothèques scolaires, avec par contre un travail sur la promotion des bibliothèques publiques et sur l’ouverture horaire élargie des bibliothèques, avec déjà un rapport rendu public, sous la responsabilité d’Erik Orsenna [6].

Il précise que la France n’est pas bonne pour ce qui concerne la lecture, ce qu’on voit notamment dans l’évaluation PIRLS 2016 ; la France est dernière juste avant la Belgique et Malte, avec de meilleurs résultats quand il y a des réseaux étendus et innovants de bibliothèques [7]. C’est une des priorités données par le Ministre, ce qui doit conduire les professeurs documentalistes à se rapprocher des professeurs de lettres pour travailler ensemble sur ces questions.

D’autres domaines dans la circulaire de missions, l’EMI et la gestion des espaces documentaires et de travail. L’EMI est devenu un sujet important, et le Conseil supérieur des programmes (CSP) lui a donné une forme hybride, « éducation à » et forme d’enseignement à part entière. Il faut voir ce que va faire le nouveau CSP sur cette question. L’EMI est transversale, à partir d’un rapport de l’inspection générale sur l’éducation aux médias [8]. Cela se prête à des activités diverses, sur un mode moins frontal et moins théorique, mais sur un mode plus pratique, type webradio et Semaine de la presse par exemple.

C’est un domaine où les professeurs documentalistes ont « une carte utile à jouer », en particulier dans un contexte sensible de développement des fake news et de radicalisation en particulier dans l’espace numérique et dans les théories du complot. Ce sont des urgences actuelles qui soutiennent l’action des professeurs documentalistes.

Didier Vin Datich

Il y a des écarts entre la prescription et la réalité, et bien souvent les CDI se métamorphosent en fabriques à savoir, avec des salons de lecture, des salles de recherche, des fablabs, des coworking spaces, dans un esprit de Learning centres qui selon lui se propage, sans que nous ayons en France les bons mots pour décrire ces nouveaux espaces. C’est une orientation suivie par un certain nombre de CDI. La note de la commission d’enrichissement de la langue française recommande, à cet égard, l’utilisation des termes « bibliothèque », « médiathèque », « centre de ressources », ou plus original, « forum des savoirs » [9]. La transformation vise à attirer davantage d’élèves dans les CDI. Didier Vin Datich insiste sur cette transformation des espaces, en tant que tiers lieux, avec des innovations fréquentes qui permettent de rapprocher les élèves du livre, par exemple à travers des ludothèques.

Pour conclure, ce sont de nouvelles voies à explorer pour les professeurs documentalistes, avec une reconnaissance en se montrant à la pointe de l’innovation, en participant de la transformation des CDI.

Une question est posée depuis la salle : les TPE permettent de découvrir les médias, la lecture, pourquoi vont-ils disparaître ? Il est répondu que les discussions sont en cours, dans les réflexions sur la réforme du lycée.

Une autre question, de la part d’une collègue américaine : y a-t-il un curriculum EMI ? Il est répondu par Didier Vin Datich que non, actuellement l’EMI se retrouve dans les différents programmes, sans curriculum spécifique, mais c’est à réfléchir, en particulier dans un séminaire qui se déroule les 3 et 4 mai à Lyon [10]. Il est toutefois précisé par l’Apden Lyon que l’Apden a proposé un curriculum en information-documentation en 2014 [11], et que des représentants de la fédération seront reçus par le CSP en juin pour discuter des programmes.

Le bureau académique de l’APDEN Lyon est heureux d’avoir pu accueillir ainsi de nombreux collègues pour cette journée, en espérant que ces rencontres ont été enrichissantes. Le bureau poursuit son travail de réflexion au niveau international, en particulier au sujet du lieu, avec une lecture critique et contextualisée des School Library Guidelines, le 14 juin 2018 à Saint-Etienne [12].


[1Présentation de cette section sur : https://www.ifla.org/school-libraries

[4Educazione alla ricerca e all’utilizzo dell’informazione” (Information Literacy Education), LS “Alvise Cornaro”, Biblioteca “Franca Ruffatti”, Padova. See : Quaderno per l’educazione alla ricerca e all’utilizzo delle informazioni per gli studenti e i loro insegnanti. http://www.liceocornaro.com/pvw/app/PDLS0004/pvw_sito.php?sede_codice=PDLS0004&page=1821945

[5European Network for School Libraries and Information Literacy, disponible sur le site http://ensil-online.org/wordpress/

[8IGEN. IGAENR. Rapport n°2007-083. L’éducation aux médias. Enjeux, état des lieux, perspectives. Disponible sur : http://pressealecole.fr/wp-content/uploads/2007/12/rapport_inspection_generale.pdf

[9Commission d’enrichissement de la langue française. Recommandation sur les équivalents français à donner à l’expression learning centre. In education.gouv.fr [en ligne], 22/03/2018. Disponible sur : http://www.education.gouv.fr/pid285/bulletin_officiel.html?cid_bo=127678

[10Voir le programme de ce séminaire sur : http://emiconf.ens-lyon.fr/inscription

[12Plus d’informations sur : https://apden-lyon.fr/spip.php?article28

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